lundi 26 août 2024

Première(s) séance(s)


 

Ce qui caractérise le métier d’enseignant c’est qu’on débute chaque année… Chaque classe est différente et tous les ans, comme disent les sportifs, on « remet son titre en jeu ». Les conseils qui suivent ont plus d’importance pour ceux qui démarrent vraiment mais sachez que tout le monde (sauf quelques inconscients ou j’menfoutistes) a une petite appréhension le jour de la rentrée. C’est normal !

La première séance est en effet importante car elle pose les bases de la relation que vous allez avoir avec les élèves tout au long de l’année. Par les paroles dites mais aussi toute la communication non-verbale (voix, posture, gestes, habillement, …), vous adressez des messages. Bien souvent c’est plus la manière dont les choses sont dites qui compte que ce qui sera dit vraiment !

Toutefois, il ne faudrait pas non plus conclure que « tout est joué » avec la première séance. De la même façon qu’on ne juge pas quelqu’un dès le premier regard, la relation avec une classe se construit dans une certaine durée.

 

Bonjour,….

Comme on l’a dit, il est normal d’avoir un peu peur. Pour autant, ne restez pas le nez dans vos notes, regardez les élèves.


Présentez-vous bien sûr donnez votre nom et votre prénom. Pas la peine d’en dire plus et de dérouler votre CV et vos diplômes. Il n’est pas utile, si vous l’êtes, de dire que vous débutez ou de mentionner que vous êtes stagiaire dès maintenant, vous aurez l’occasion d’y revenir avant les premières « visites ». Vous êtes simplement leur professeur et si vous êtes nommé c’est que vous êtes légitime !

Vos élèves sont de vrais élèves et vous, vous êtes un vrai prof.

À ce titre, c’est à vous qu’il revient de fixer le cadre dans la classe et de le faire respecter. C’est ce que les élèves et même l’institution attendent de vous. Ce cadre doit être clair, explicable et constant, c’est la condition d’une classe qui se passe bien. Nous y reviendrons.

 

Les élèves sont attentifs aux aspects extérieurs, à la présentation de soi. Pensez-y ! Dans le métier il n’y a (heureusement) pas de tenue imposée, mais il peut y avoir, dans ce domaine comme dans bien d’autres, des « cultures d’établissement ». Ne vous “déguisez“ pas pour autant, il faut que vous soyez à l’aise.

La communication n’est pas que verbale : la gestuelle, la voix (débit, intonation, intensité…) comptent. Pensez à votre « entrée en scène » ! 

Ne restez pas non plus assis derrière votre bureau, il faut occuper l’espace de la classe. Bougez !

 

Prenez une fiche… ?

Faut-il faire remplir des fiches de renseignement aux élèves ? C’est un choix à faire Personnellement je pense que c’est une perte de temps et une forme de procrastination pour les enseignants. On s’aperçoit que la plupart des renseignements demandés sont accessibles facilement auprès du CPE… Il peut y avoir aussi un effet pervers avec des questions quelquefois très intrusives mal ressenties par les élèves (c’était mon cas !) et qui peuvent conduire à étiqueter les élèves et influencer l’opinion de l’enseignant et même son évaluation. C’est ce qu’on appelle « l’effet de halo » et c’est particulièrement bien montré par le sociologue Pierre Merle

 

 

Faire connaissance

En tous cas, il est essentiel d’apprendre le plus vite possible le nom et le prénom des élèves. Lorsqu’on fait l’appel, faites attention à l’orthographe et la prononciation des noms de familles. N’hésitez pas à demander aux élèves de vous corriger si vous prononcez mal. Il y sont très sensibles. 

On peut commencer par exemple en leur demandant au début de dire à chaque fois qu’ils ont la parole “je m’appelle X”, ou en leur demandant d’avoir un panonceau avec leur prénom posé sur la table. Il peut être aussi intéressant de faire se présenter les élèves les uns par les autres. 

Il peut être utile d’avoir des photos. Dans le secondaire, parfois le professeur principal réalise un trombinoscope. C’est évidemment plus facile à mémoriser dans le primaire

Il existe de nombreux dispositifs « brise-glace » pour permettre aux élèves de mieux faire connaissance, ils sont différents selon les niveaux (maternelle, élémentaire, collège, lycée…) et peuvent prendre plus ou moins de temps. Un des dispositifs les plus simples (et un de mes préférés) est une "présentation croisée". Ça marche quel que soit le contexte et le niveau. Chaque élève va à la rencontre d'un autre élève qu'il ne connait pas encore, et entame une sorte de speed dating à durée limitée (je leur dis 2 minutes, mais en laisse généralement davantage). Je donne souvent une contrainte (une question particulière, une souhait, un objectif…). Chaque élève va donc ensuite présenter brièvement son binôme ce qui lui permet de prendre la parole de manière moins engageante que si c’était pour soi-même. 

 

 

Installer

Un des en enjeux de ces premières séances est d’installer le cadre de travail et de vie qui va être celui de l’année. Il s’agit de « perdre » un peu de temps pour en gagner ensuite. 

Outre le retour sur le règlement intérieur de l’établissement, on peut aussi consacrer un peu de temps à revenir sur les règles de vie que vous allez instituer dans la classe et vos méthodes de travail. Dire ce que l’on va faire et faire ce que l’on a dit est une exigence de  clarté du fonctionnement et de respect vis à vis des élèves. C’est pourquoi il faut toujours annoncer les règles que l’on va suivre (sans se donner trop de contraintes non plus, évitez les interminables règlement de la classe…)  et s’y tenir.

Les élèves apprécieront cette “prévisibilité” mais… s’empresseront dans le même temps de la tester… !

D’une  manière générale, il est important de donner aux élèves des repères . Ceux ci peuvent prendre la forme d’objectifs énoncés ou de plan du cours et rappelés aux tableaux. mais cela peut être aussi un ensemble de rituels qui structurent l’entrée en cours et son déroulement : comment on rentre en classe, comment on distribue la parole, qu’est ce qu’on fait pour résumer ce qu’on a appris, comment on finit une séance… 

 

 

Commencer ! 

Il y a (souvent, pas toujours) chez les enseignants, une tendance à reculer le moment de s’y mettre vraiment... Bien sûr c’est utile de présenter les programmes, les objectifs, les méthodes, mais n’y perdons pas trop de temps !

Le meilleur moyen de se présenter et d’installer le cadre et les méthodes, c’est de commencer ! C’est ainsi que les élèves découvriront le mieux qui vous êtes, vos méthodes et vos principes. On prouve le mouvement en marchant.

Pour démarrer l’année, on peut passer par une évaluation diagnostique, c’est-à-dire une évaluation des acquis de l’année passée, de ce qu’ils savent et de ce qu’ils ont oublié... La machine ÉducNat prévoit des évaluations très normées mais ici, il ne s’agit pas de cela mais simplement de quelques exercices (non notés évidemment) qui permettront de mesurer les savoirs et les savoir-faire. 

Ce type de démarrage permet de montrer aux élèves qu’ils savent des choses mais aussi de mieux les connaitre et de repérer déjà les difficultés. Evidemment ce point de départ doit être exploité ensuite dès les premiers cours. 

 


 

Quelques références utiles

 

Que faire la première heure ? (conseils d’internautes pour les Cahiers Pédagogiques)

 

Quelques conseils pour bien débuter – Les Cahiers Pédagogiques le 1er septembre 2021

 

« Ressources pour débuter », Hors-série numérique n° 47, novembre 2017 (en téléchargement gratuit)

 

Bien débuter dans le 1er degré – vidéo Cahiers Pédagogiques

 

Bien débuter dans le 2nd degré – vidéo Cahiers Pédagogiques

 

François Muller Manuel de survie à l’usage de l’enseignant (même débutant), L’étudiant, 2019

 

 

Audrey Murillo Prendre un bon départ dans ses classes, Les pratiques des premiers jours en questions  ESF-Sciences Humaines 2021


Bonne rentrée !

 

Philippe Watrelot


 Cet article complète la vidéo éponyme sur la chaine YouTube 

 






 

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